92

au bord des falaises du temps

les enfants soumis au vertige

ferment les yeux et se lachent

les mains qui se recouvrent

de plumes

 

91

expérience de la limite - limite de l'expérience

 

90

Tigre jaloux

je me mutile

dans la folie

dure du noir

 

vivre en deuil

dans un hiver

moral et

crépusculaire 

 

tenir debout

être utile

à l'embellie

du désespoir

  

84

cri silence mouvement

pré-natal post-mortem

la nuit ne m'endort pas

alors je vous écrit

de mon écran plat

le café me donne la migraine

et le tabac m'habille

d'un parfum que je ne sens plus

qu'avec les yeux 

des flux de flots flous d'idées 

fumerolles hantent ma tête

anxiolisée d'homme fou 

 

sommeil - dodo - white hole

 

au réveil : toujours toujours toujours : le Réel

 

83

l'ombre des branches

sur ta peau blanche

dit les mots de l'air

et de la lumière

 

l'arbre parle et je lis

l'algèbre du futur 

mais un nuage gris

coupe net ma lecture

 

nul oracle pour nous sauver - que des chemins à inventer

 

82

Où sont les notes mortes que nous ne joueront jamais ?

 

81

asphyxie de souvenirs

les images se marbrent

et tes yeux de météore

se floutent dans mes larmes

 

80

les anges ne tiennent pas debout

ils se comportent comme des bulles

qui éclatent sous le fouet du réel

libérant l'éther de la souffrance

 

et de l'amour naturel des anges

renaissant éternellement soulevés

par les vents les pierres et les marées

en des sphères de feu blanc immortel

 

se jumellant entre eux de baisers doux

d'ivresses irréelles de musiques de vers

les anges colorent votre douleur de la leur

libres de vivre à l'envers dans un faux paradis

 

74

fais toi du bien

parle aux arbres

parle à l'eau

calme du lac

ça fait du bien

d'être entendu

et dis toi bien

que le passé ne

se reproduira plus

fais toi du bien

trouve une armure

ai confiance en toi

et les luttes

et les combats

auront peur de toi

résistante

 

en écoutant

le chant du ciel

j'entends tout le temps

parler de toi

 

73

éclaircie sélène

de doux rayons

solaires et nocturnes

irise la peau de mes yeux

miroir dans la nuit

l'angle est heureux

mais précis comme

le battement de

ma poitrine tribale

le jour est calme

quelques pas dans la rue

j'ai les jambes encore lourdes

le corps qui tremble

de mille courbatures

et la tête sans tête

 

mais une chimie étrange de lune, d'espace et de galaxie me tient par la main

 

hope

 

72

comme un moine acédiaste

perdu dans le désert des hommes

entre l'amour physique

et l'amour que dieu me donne

 

je fuis - perdu 

mais immobile

 

je fuis la responsabilité du vivant

bien éduqué dans un monde mortellement blessé

qui n'attend plus que l'épée

du Livre de Jean

 

pour s'ouvrir et se fendre dans la nuit que nous vivons

 

révélation - révolution

la mort est un savoir

l'ultime signature

 

71

silence sirènal

acouphènes de l'impossibilité

crucifixion par les yeux

le sexe et le front

 

70

Obsession

qui me démange - partout

la destruction du passé

impossible à réaliser

vie de vide

rêve crevé

 

obsession qui me brûle la langue

et les doigts sanglant de la beauté

 

ontologie de l'effacement

 

69

je me suis fracassé le crane

dans l'oubli

 

68

nul être pur  

dans l'existence

seul un soleil noir 

le père

 

67

colère sèche

contre voeux liquides

les amants déconstruits

hantent les flux

où les lames parlent

encore dans le vide

futuriste

 

64

j'ai le coeur dans la bouche

et trois clous dans le coeur

 

63

tendre pensée

les yeux mi-clos 

des voyants voyant

les tâches de couleurs

à chaque nouvel accord

primitifs et modernes

les amants jouent 

leur improvisation 

en la mineur mélodique

entrelas calmes et lents

cascades de notes soufflées

arpèges cycliques de paix

l'oeuvre d'un temps juste

pour guitare et hautbois

d'amour et d'amour

 

tendres pensées

 

62

Matinalité 

grand ciel orange 

en Dionysie

 

comme souvent

des larmes coulent

de mes yeux bleus

gris et rouges

sans affect apparent

sinon la minéralité

du choc - l'intime

charbon de la disparition

 

coule eau salée

ravage donc ce visage

qui n'attend qu'une parole impossible

l'impossible parole de la trinité perdue

 

déréliction

 

61

qu'est ce que l'amour ?

qu'est ce que l'absence ?

 

deux odeurs qui n'en font qu'une dans un lit défait

un homme qui parle seul au ciel vide et muet

une chambre de spectres

 

( dévoilement )

 

le soleil est une hallucination

le Rouge de tout les rouges inonde

et rend les noyés à chaque boût de l'île - désunis

 

qu'est ce que l'amour ? qu'est ce que l'absence ?

 

le drap déchiré du temps

 

60

dans le silence de la chapelle

j'ai clos les yeux sur le silence

et les couleurs en mes yeux clos

m'ont dit le sens de son silence

 

57

je construirai un dôme

de mots d'amour

solide comme le titane

et dur comme de l'or

pour condamner les

mots du mal du démon

du meurtrier que je fût

face à toi - la nuit horrible

 

je construirai cette prison

pour qu'ils y passent l'éternité

sans voir le jour

dans une nuit pour les enclore

sur la noirceur de

leur propre destruction 

pour qu'ils se mangent entre eux

et qu'ils en meurent 

les mots horribles

 

enfin je construirai une maison de mots tout doux pour que renaissent les jours bénis - dans la nature en floraison 

et sur le dôme de mots d'amour un olivier se souviendra

et sur le dôme de mots d'amour un olivier se souviendra

 

mais le silence fleurit les ruines

 

56

otage d'une parole suspendue

dans une forêt en feu

impuissant à l'éteindre

il ne te restait qu'à fuir

cet incendie blanc qui n'est

qu'amour et désolation

sur notre histoire calcinée

par la colère et la passion

 

compréhension - contrition

 

l'avenir est la seule pensée valable du néant qui nous impacte à chaque instant

 

55

j'ai rencontré le vent

il ne m'a pas parlé de toi

alors j'ai vu les soleils

s'éteindrent un à un

jusqu'à ce que l'ombre

disparaisse dans l'ombre

et que la nuit me dissolve

sans musique ni mélodie

avec juste pour glas

le dernier battement

de mon coeur dispersé

dans le vent froid

s'en allant - où tu n'es pas

 

54

absolument l'absolu

se détourne des

ambivalences

extrèmes et

latentes

des jumeaux

contraires et

de leur amour

bi-polaire

 

comment suivre une seule flèche dans la pluralité des contraintes parrallèles ?

 

51

je ne pense plus

je clos les yeux

la vision

n'est plus là

le doigt nu

j'efface la passion

je la donne à la raison

crucifié(e) dans l'orage

montagne noire

de fumée d'eau

assomption

tonnerre

grand

blanc

 

et pourtant comme un fantôme électrique quelque chose subsiste des éclairs amoureux

 

50

silence - coupure

arrachement

rien ne s'écoule

pas une goutte pour rattraper l'autre

juste une flaque

inerte de solitude

noire blanche ou grise

suivant les moments

et l'angle du sabre

qui me coupe le ventre

le rouge est le rêve

d'un enfant colérique

noyé dans son chagrin

 

même le temps me pousse au désespoir

et les arbres mourraient sur mon passage

même la pluie m'a sali et j'ai pleuré avec la pluie

 

49

Ici

le vide n'existe pas

pas plus que le néant

l'oubli ne s'oublie pas

dans l'immanente béance

de notre des-existence

l'amour est mouvement

et les mots sont hurlements

 

48

L'épave gît au fond de l'eau

la boue mange l'épave

toute lumière est exclue

le temps n'existe plus

 

47

deuil